Jeudi 16 mars 2023 : au départ de la Découverte de Decazeville

Cette magnifique rando, au départ de la Découverte, nous a fait revivre un peu de ce passé atypique au cours duquel des paysans sont devenus mineurs par la volonté d'un homme à qui l'on dédia une ville nouvelle.

En effet, « Decazeville », en occitan, La Sala, a moins de 200 ans. Avant l'arrivée du Duc Decazes, il n'y avait ici que trois hameaux et trois paroisses (Saint-Roch, Saint-Michel et Vialarels).

Tout était à faire : créer les emplois, former les autochtones à de nouveaux métiers, construire des habitations, des écoles... Bref, construire une ville à part entière. Et ce fut chose faite en 1833 avec la publication d"une ordonnance royale donnant naissance à "Decazeville".

Un monde souterrain

"Imaginez : tout est sombre, le bruit des machines qui s'amplifie en frappant les parois des galeries étroites. Il fait si chaud et humide que l'on peine à respirer. Un cheval tirant des wagonnets de charbon vous frôle.
Et toujours garder à l'esprit les dangers : inondations, éboulements, coups de grisou... « Voilà le quotidien du mineur de fond ».

Quel dur labeur pour ces hommes et ces enfants. Mais aussi quelle fierté d'être mineur de père en fils et quelle solidarité incroyable entre ces hommes !

Le site de La Découverte

Immense, c'est l’impression que donne cet espace vert.

« C’était la plus grande mine à ciel ouvert de France. Il y avait ici un ballet incessant de camions, de pelles et autres engins démesurés creusant et transportant des tonnes de terre et de charbon, modifiant inlassablement le paysage durant plus de 100 ans ».

Le dernier chevalement de mine trône ici fièrement pour témoigner du passé industriel de la ville. Ses 22 mètres de haut, permettaient aux mineurs de charbon d'accéder aux galeries de mines souterraines situées 150 mètres plus bas. Imaginez les câbles cerclant les molettes, reliés à la salle des machines, qui descendaient les cages au fonds. N'entendez-vous pas leur bruit ? ¨Peut-être est-il couvert par celui des tirs de mine en surface, dans la mine à ciel ouvert, que l'on appelle la Découverte. Ici pas besoin de descendre dans les entrailles de la terre, le charbon affleure, juste là sous les pieds. Alors on sort les explosifs, les pics et les pioches et on s'affaire comme des fourmis.

Le travail ressemble un peu à celui du fonds, mais cela ne dure pas, la mécanisation emploie les grands moyens : camions et pelleteuses aux dimensions impressionnantes maintiennent l'activité jusqu'en 2001, quand le fonds s'arrête en 1966.

Depuis sa réhabilitation, ce site minier est ouvert au public. Une signalétique patrimoniale retrace son histoire et de nombreux sentiers de randonnée invitent le promeneur à arpenter les pistes autrefois empruntées par les camions.

https://www.ladepeche.fr/2021/11/09/video-secrets-dici-voyage-dans-le-passe-minier-de-decazeville-9917893.php

Nous avons ensuite gravi le terril "une montagne artificielle constituée de stériles miniers*". Il s’en échappe encore de la chaleur et une forte odeur de souffre.

Au loin, nouveau signe d'une reconversion verte, l'installation de 5 centrales solaires, qui couvrent la consommation électrique de 6000 foyers.

Arrivés à Combes, autre haut lieu minier, nous avons admiré son église Notre Dame des Mines,

Elle rend hommage au travail des mineurs, consacrée en 1949, elle est construite en béton armé paré de briques. A l'intérieur, le regard est immédiatement attiré par le cœur entièrement recouvert de peintures murales, des peintures aux teintes noires, rehaussés d'orange et de bleus : un hommage au travail des mineurs. De part et d'autre de la Vierge à l'Enfant, les mineurs s'affairent à l'abattage du charbon…inédit dans une église…autant que la crèche de la nativité perpétuelle installée dans une galerie de charbon reconstituée. Un chemin de croix et d'autres peintures murales, œuvres de Gabriel Genieis viennent compléter le décor. Le tout est subtilement éclairé par des vitraux colorés, eux aussi jointés au béton, œuvre des moines d'En Calcat.

Puis, tranquillement, après le repas, nous arrivons à Cransac, dont l’Histoire est marquée par trois grandes périodes, qui ont exploité les trois richesses de son sous-sol : les eaux curatives, le charbon de terre et les gaz thermaux.

L’établissement de Cransac-les-Thermes est une station unique en Europe, qui, grâce au phénomène géologique des gaz naturels chauds qui s’échappent des flancs de la « Montagne qui brûle », associés à une source thermominérale soigne l’arthrose et les rhumatismes .

Autres curiosités traversées : La Forêt de la Vaysse, qui est une vaste étendue peuplée de robiniers (faux acacias), qui ont colonisé l'espace. Au printemps, quand les robiniers sont en fleur ils dégagent un parfum enivrant. Les abeilles nombreuses font un bourdonnement continu...

Le Cynodrome (il a fermé ses portes en janvier 2022).

qui est l'équivalent d'un hippodrome, mais pour les chiens. Il en existe 17 en France. Nos amis à quatre pattes, essentiellement des lévriers, s'élancent à toute vitesse pour attraper un leurre sur cet anneau de vitesse. Certains lévriers peuvent atteindre des pointes à 80 km heure.

Enfin, nos pas nous ont conduit jusqu’au Fort d’Aubin, accroché au rocher telle une sentinelle, qui veille fièrement sur la vallée et ses habitants.

Nous étions 15 randyneurs à profiter de cette superbe journée. Nous avons parcouru 18,5 km et franchi 670 m de dénivelé.

Merci beaucoup Didier !

* Stériles miniers :Produits constitués par les sols et roches excavés lors de l'exploitation d'une mine, après récupération de la partie commercialement valorisable qui constitue le minerai.

Clique sur le lien ci-dessous pour entendre chanter le poème de Jean BOUDOU, qui évoque en occitan, la grande grève des mineurs de Decazeville, qui va débuter le 18 décembre 1961 et se terminer le 21 février 1962 :
https://www.dailymotion.com/video/xo8ud5