Nous étions 33 randyneurs à nous retrouver à Bezonnes, point de départ d'une boucle de 10 km sans dénivelé, sur le causse de Lanhac.
Une association de bénévoles rattachée au foyer rural de Rodelle a entrepris depuis quelques années la restauration de ces édifices ayant subi les ravages du temps. Cette randonnée nous a permis d'en découvrir une partie.
Outre les cazelles, nous avons rencontré quelques cardabelles, plantes emblématiques des causses, qui ont mis leur parure d'hiver et que nous avons le devoir de ne pas cueillir pour les générations futures. Qu'on se le dise !!!
Ce fût une belle rando et nous ne pouvons que remercier ces hommes et ces femmes qui de par leur passion rebâtissent pierre après pierre de si jolies cabanes, qui témoignent d'un passé pas si lointain.
Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron du 22 août 2024
Aux portes de Rodez, sur le vaste causse de Lanhac, le joli village de Bezonnes se trouve au départ d’un chemin surprenant. Ce chemin-là, la poétesse ruthénoise Marie-Jo Molinier, l’a parcouru en bonne compagnie. Elle est revenue enchantée! Voici son témoignage :
« Je souhaite en préambule donner deux définitions:
- «causse» , du mot occitan cauce, venant lui-même du mot latin calx, qui signifie pierre sèche ;
- « cazelle » , petite habitation en pierre sèche, construite à l’origine par un ou deux bergers, pour se protéger des intempéries, se reposer, se nourrir… et éventuellement boire un coup de rouge !
Le territoire des cazelles se situe sur un terrain communal de 250 hectares, comprenant 21 cazelles dont 15 ont été rénovées ; la plupart d’entre elles se trouvaient très délabrées. On va de l’une à l’autre ; on admire le travail effectué. J’ai eu la chance, en ce matin du 23 juillet dernier, de cheminer accompagnée des cazellaïres : George, les deux Jean-Claude, Michel, Francis, Claude, Patrice, Didier et la chienne Nina.
Mais comment cette belle aventure a-t-elle commencé ? Eh bien voilà… Lors du premier confinement, en 2020, Jean-Claude s’ennuyait ferme. Un jour, à la faveur d’une promenade, il passe à côté d’une cazelle en partie démolie. « Tiens, se dit-il, je pourrais essayer de la reconstruire » , ce qu’il fit à raison de deux à trois fois par semaine. Et, depuis, la belle histoire continue… George et Francis repèrent le petit chantier. Peu après, Jean-Claude trouve dans la cazelle un message demandant de les contacter pour une aide éventuelle, afin de réparer trois autres cazelles particulièrement endommagées.
Ils sont à présent douze membres dépendant du foyer rural de Rodelle, section patrimoine, et se réunissent tous les mardis après-midi sur leur lieu d’intervention.
Les compagnons, dont aucun n’a de spécialité en maçonnerie, présentent un magnifique travail : chaque cazelle est différente et porte un numéro ainsi que la date de la fin de sa rénovation. L’intérieur est aménagé, on peut s’y asseoir, admirer l’agencement parfait des pierres, l’équilibre extraordinaire du petit édifice…
Dans leur fondation, se dissimule un secret : une bouteille en verre avec, à l’intérieur, un parchemin portant le nom des ouvriers bâtisseurs afin que leur trace perdure dans le temps, dans le sillage de monsieur Ferral qui, le premier, avait inventorié et numéroté toutes les cazelles.
Les cazellaïres ne sont pas seulement d’excellents artisans, car, en plus de leur habileté et d’une évidente maîtrise de leur technique, ils ont le cœur au bout des doigts ; on le voit bien dans leur regard, parfois attendri, dans leur main qui caresse une pierre, en remet une autre en place, ou encore dans les histoires qu’ils racontent avec beaucoup d’émotion. Ils sont joyeux, amicaux, bienveillants ; bref, ils donnent à voir le meilleur de l’homme.
En suivant les sentiers, vous contemplerez, vous écouterez chanter la lumière entre les herbes et aussi les voies de l’invisible. Tout est vrai ! Vous vivrez alors une belle histoire d’amour entre l’homme et la pierre.
Pour vous rendre sur le site, un panneau indicateur a été placé face au monument au mort de Bezonnes, de l’autre côté de la route. Il convient de respecter cet espace fragile en empruntant les chemins balisés et en ne cueillant ni plantes ni fleurs.
Le causse Comtal comporte plusieurs zones à cabanes, situées près de villages, sur les parties caussenardes et le plus souvent sur des terrains communaux. Ce sont des bâtisses rudimentaires, petites, construites en matériau d’épierrement (pierres calcaires plates brutes). Elles ont servi à des bergers ou à des cantonniers. De par leur forme extérieure, elles font penser, vues de côté, aux capelines de bure des anciens bergers caussenards.
Les plans au sol sont soit circulaires ou subcirculaires avec une entrée généralement ébrasée vers l’extérieur. Parfois rectangulaires avec une entrée occupant la totalité ou la majeure partie d’un petit côté.
En 2021, le travail des bénévoles a été récompensé par un prix départemental...
Un grand merci aux bénévoles du Foyer Rural de Rodelle qui ont mis en valeur les Cazelles et ont posé tous les panneaux de signalétique et d’interprétation !
" Vous contemplerez, vous écouterez chanter la lumière entre les herbes et aussi les voies de l’invisible..."