Nous nous sommes retrouvés 18 randyneurs, au départ de l’ancienne gare d’Espalion, à suivre l’ancienne voie ferrée réaménagée en chemin de randonnée et à imaginer ce qu’a été sa construction un siècle en arrière (1905).
Le chemin remonte en pente douce en musardant sur les pentes dominant Espalion et les petites vallées descendant vers le Lot. Nous avons passé une succession de tunnels et de viaducs, véritables ouvrages d’art. Au total, sur la portion parcourue, nous avons compté 6 viaducs et 5 tunnels traversés !
Puis, nous avons franchi une suite de chemins de terre à travers bois et champs, dans une nature foisonnante de fleurs, de cris d’oiseaux et de petits ruisseaux… pour revenir à notre point de départ. Encore un très bel après-midi ! Merci à Didier de nous avoir guidés !
12 km parcourus, avec un D+ de 300 m.
Un chantier pharaonique
Le chantier commença par la construction des principaux ouvrages d’art sur cette ligne de 22,7 kilomètres.
La ligne de chemin de fer Bertholène-Espalion fut créée pour compenser "l’injustice" du tracé de Rodez-Sévérac-le-Château qui évitait Espalion, sous-préfecture de l’Aveyron. Elle a vu le jour grâce au plan Freycinet de 1879.
Ce polytechnicien, alors ministre des transports, avait comme objectif de donner accès au transport ferroviaire à tous les Français et de désenclaver les territoires isolés en créant plus de 8 700 kilomètres supplémentaires de lignes d’intérêt local dans le pays. La déclaration d’utilité publique fut prise en 1897 et la concession attribuée à la Compagnie des Chemins de fer du Midi.
Le conseil général de l’Aveyron dut prendre en charge l’acquisition des terrains nécessaires à l’implantation de la voie mais un complément de 600 000 francs fut demandé à la commune d’Espalion.
La portion comprise entre Bertholène et la gare de Biounac était assez classique et sans grandes difficultés de réalisation car située sur le plateau calcaire.
Mais à partir de Biounac la voie plonge vers Espalion pendant sept kilomètres et le tracé, constitué de nombreuses boucles, devient alors celui d’une véritable ligne de montagne avec une succession d’ouvrages d’art remarquables.
En effet, ce ne sont pas moins de six tunnels et de cinq viaducs que les bâtisseurs ont réalisés, tous terminés dès 1905.
Une prouesse humaine et architecturale car tous ces ouvrages ont été maçonnés en pierre calcaire taillée sur place par les centaines d’ouvriers nécessaires pour ce chantier pharaonique. Il faut ajouter à ces ouvrages la construction de nombreuses arches pour soutenir les talus et la pose des murets longeant la voie, toujours en pierre taillée.
La pose du ballast et la construction des bâtiments suivirent.
Espalion désenclavé
La mise en service eut lieu le 25 juin 1908. L’exploitation débuta par trois allers-retours quotidiens entre Espalion et Bertholène.
Il fallait compter, en fonction du train emprunté et du sens de circulation, entre 1 heure et 1 h 30 pour effectuer ce trajet.
Les trains mixtes accueillaient les voyageurs dans des voitures de 1re, 2e ou 3e classe mais étaient aussi destinés au transport des marchandises. Ils emmenaient à Espalion des produits agricoles (engrais, scories, paille, machines...) mais également du charbon, du fer, des poteaux électriques ou encore des produits pour les entreprises du bâtiment.
Trente ans de service aux voyageurs seulement
Malheureusement, à partir de 1925, Espalion voit son influence se réduire et les campagnes se dépeupler. Par ailleurs, les lignes d’autobus, plus rapides et pratiques, vont prendre au rail presque tous les voyageurs. Comme beaucoup de petites lignes en France, le tronçon Espalion Bertholène ferme son service aux voyageurs le 5 décembre 1938. Seules les gares de Bozouls et d’Espalion restent ouvertes pour le trafic marchandises jusqu’en 1983. La fermeture définitive a eu lieu le 1er juin 1987, la ligne déclassée en 1992 et la dépose des rails effectuée en 1995.
I.F.